Bornéo, Sarawak, Kuching.



Bornéo.

Trois syllabes qui pour moi sonnaient comme l'Ailleurs. Je ne sais pas où je suis allée me mettre ce vieux rêve en tête, peut-être les Blérots de Ravel et leur chanson sur les Orang-outan ou les lointains souvenirs des aventures dans la jungle de Somerset Maugham. La Malaisie c'est un peu pour ça que je l'ai choisi.

J'arrive à Kutching après une nuit blanche sur la paradisiaque Langkawi. Deux avions et un passage express à KL plus tard.

L'air est lourd, ce n'est pas que l'humidité ni le ciel sombre, il y règne une atmosphère confinée, ancienne. Facile de projeter ces fantasmes vous me direz, mais pour le coup je vois bien la différence avec les lumineuses et joyeuses îles de la Malaisie péninsulaire. Le taxi traverse des kilomètres parsemés d'industrie et de végétation. La ville arrive. Il se faufile dans les petites rues de Chinatown et je pose mes sacs dans une guesthouse tenus par trois petits malais sans âge. Une terrasse fleurit sur les toits.

Il est 16h et rien ne semble vraiment ouvert, un homme passe, il me parle du crash d'avion, s'embrouille, la folie est dans ses yeux. Le ciel est si sombre qu'on dirait qu'il couve une averse. J'erre dans le quartier décoré par d'éternels lampions chinois et les foodcourts sont remplis de mangeurs silencieux. J’atterris au bord de la rivière, lieu de rendez-vous des jeunes et moins jeunes d'ailleurs. Je n'ai jamais vu une rivière aussi calme, des bateaux effectuent la traversée jusqu'à l'autre rive où se dresse une mosquée et des villages de pêcheurs un peu branlants. Le soleil est bien là, lumineux et se couche tranquillement, au rythme de la ville. J'apprécie le calme et l'ambiance figée de bout du monde. La nuit tombe.
Sur la promenade au bord de l'eau ça swingue un peu plus. Petites guinguettes et stand de Kek Lapis, gâteaux traditionnels. Des musiciens de l'ombre animent le coin de leurs chansons malaises, guitares et maracasses. Je dévore un Nasi Lamak, riz frit, omelette, poulet et curry au citron, poissons salés, concombre plus tout ce que je connais pas, on est déjà copain la bouffe malaise et moi. La musique s'arrête pour laisser place à des voix lancinantes qui émergent de toutes parts, une complainte qui fugue, c'est triste et beau à la fois, c'est la prière.

Kutching c'est un quartier général. Les quelques voyageurs qui prennent le temps de venir à Bornéo et dans l'état du Sarawak s'y retrouvent. J'étais là pour très peu de temps. Je les ai regardé passer, revenir, repartir. La Threehouse c'était notre maison. Dortoir, cuisine, salon, maman qui fait la lessive et tout. On se retrouvait le soir et allait prendre « l'apéro », deux Français dans le lot oblige, puis diner et finir par ce bar où la Singtao est la moins cher. Singapour, Vietnam, Chili, Pologne... Des nouveaux visages apparaissaient, disparaissaient, changeaient tous les soirs. Mais il y en a une qui était toujours là. Leti, cette femme d'1m30 qui nous a embrigadé à sa table et qu'on a retrouvé tous les soirs suivants. Elle est Iban, une tribut de Bornéo. Elle vend des Kek Lapis le jour et partage sa table le soir avec ses amis ou des inconnus de passage. Elle nous a emmené manger des fleurs de la jungle et boire dans le seul bar ouvert jusqu'à 5h du mat, nous empêchant d'aller nous coucher.

La journée je partais me perdre dans les parcs naturels où tomber nez à nez avec un singe semblait presque naturel. Au Semenggoh j'ai pu voir des Orang-outans qui vivaient en semi-liberté, nourris jusqu'à ce qu'ils puissent se débrouiller seuls. Visite un peu particulière puisqu'on était accompagné du Sultan du Sarawak et toute sa clique. J'ai aussi mis les pieds dans un « Kampung », le village malais à l'organisation traditionnelle avec une longhouse, maison communautaire où vivent plusieurs familles. J'ai redécouvert la pluie et ne l'ai jamais autant aimé qu'ici. Pluie bénie, nourricière, rassurante. J'ai pris des bateaux, sur la rivière de Kutching, d'autres qui m'ont emmené dans la mer de Chine.

On m'avait mise en garde, tu seras déçue, il n'y a que des palmiers à huile, Bornéo ça n'existe plus, déforestation et lobby Nestle. Mais j'ai eu du mal à faire mes bagages, encore, toujours, me direz-vous. Mais..ici plus qu'ailleurs. Un temps figé, loin de tout, la nature encore palpable et les gens si respectueux de leur terre, croyances malgré le développement exponentiel du pays. Peu d'étrangers et que des perles, jusqu'à l'aéroport. Du temps pour réfléchir, se blottir dans cette atmosphère et le canapé du salon de la guesthouse. Encore plein de choses à y faire, des voies sont tracées dans ma tête, des invitations à des festivals, un premier pas, insatiable .


 




Départ en bateau pour le parc national du Bako

arrivée sur la mer de Chine méridionale




parc national du Bako



tomber sur une plage en se baladant dans le parc du Bako

les derniers mètres avant le point de vue

temple chinois à Kuching (en face du bar, comme ça on peut boire safe nous dit le patron!)

Kuching

Semenggoh réserve naturelle pour protéger les Orang-Outan






sultan du Sarawak





un Kampung, village trad malais



salle rituelle




parlement du Sarawak

bateau taxi pour aller de l'autre côté de Kuching
ThreeGuesthouse !!

Leti et Ulysse

les Daltons

soirée dégustations de Singtao et gastronomie du Sarawak à 3h du mat en plein milieu du foodcourt quasi désert

caverne d'alibaba..








les poissons séchés qui sentent TRES fort et qu'ils mettent dans beaucoup de plats




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