Mae Sai, vue sur la Birmanie |
Tous les mois c'est un
peu la même galère, j'oublie que vivre ici a un prix et surtout une
date d'expiration. Les services d'immigration ne tolèrent pas
vraiment la péremption alors il faut jouer le jeu et faire semblant
de s'en aller. C'est tellement pathétique de devoir à chaque fois
traverser une frontière pour marquer le coup (et reverser une
certaine somme au pays franchi of course). Mais dire cela n'est pas
vraiment rendre justice à ces moments. Finalement ce que j'ai pris
pour une formalité ne m'a pas laissé indifférente.
La dernière fois j'ai dû
traverser le Mékong à bord d'une barque un peu branlante pour me
rendre au Laos, ce matin c'est à pied que j'ai délaissé la
Thaïlande quelques instants. Donner l'impulsion à son corps de
traverser quelque chose ou changer lentement de rive sont deux
manières palpables, conscientes, inscrites dans la durée qui
matérialisent la frontière que j'ai tendance à oublier en
atterrissant en avion ou en voyageant en Europe. Ajoutons à cela un
décor qui se refonde sous tes yeux, alphabet, sens de circulation
(quel slalom de rentrer et sortir de la Birmanie où le sens est
différent de la Thaïlande !).
Je ne pensais pas du tout
à cela en partant à 7h ce matin, pestant plutôt contre le trajet
qui m'attendait et la succession de personnes à qui je devrais
tendre mon passeport avant de rentrer à l'heure pour le premier
cours de la journée. J'ai laissé mon appareil-photo et la curiosité
à Chiangrai. Mais quand je me suis retrouvée à Takilek en
Birmanie, voisine de Mae Sai la ville la plus septentrionale de la
Thaïlande et que le douanier m'a demandé si je souhaitais aller
faire un tour avant de retourner en Thaïlande, c'est très peu
convaincue que j'ai pourtant dis non -obligations professionnelles
vous comprenez ? Non ? Moi non plus.
Les Thaïlandais peuvent
passer gratuitement la frontière et Takilek est connu comme le plus
grand marché aux bonnes affaires du coin. DVD à 20 centimes
d'euros, vêtements, contrefaçons etc. Pas que ça m'alléchait
mais en quittant la Thaïlande et arrivant sur le territoire Birman
(l'affaire de 50m), j'ai ressenti une drôle d'impression, comme un
retour à un temps ancien (présomptueux pour quelqu'un née à
l'aube du XX°s), les routes poussiéreuses, les tenues beaucoup
moins occidentalisées, les visages plus burinés et les sacs en
plastiques remplacés par des paniers portés sur les épaules.
Hormis les tributs montagnardes (et encore pour les nouvelles
générations), les thaïs s’habillent à l'occidental (et à la
mode coréenne et japonaise!) et le fort développement du pays me
saute aux yeux en arrivant ici. Ce ne fut l'affaire que d'une
vingtaine de minutes et pourtant j'ai changé de monde.
Le chemin de retour m'a
aussi montré à quel point la frontière est tenace entre ces deux
pays. Un premier check-point nous arrête avant même d'avoir quitter
Mae Sai. Les valises et sacs de la famille birmane qui partage mon
songtewo sont passés au peigne fin par les douaniers qui vont
jusqu'à renifler un pot de crème pour bébé afin de s'assurer
qu'ils n'ont pas caché de la drogue à l'intérieur pendant que le
reste de l'escadron me fait la conversation, hilare, devine que je
suis prof (retraité et profs les seuls fareng longue durée, rayer
la mention inutile) et un des douaniers de fortune est tout fier de
me dire qu'il a étudié dans l'école où j'enseigne. Je réponds du
bout des lèvres, gênée devant la famille birmane qui se fait
traité comme des moins que rien.
Paradoxe thaïlandais,
once again.
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Jeudi 27 Février
J'ai laissé moisir mon passeport au quatrième étage et failli risquer l'indigestion. Retour à Mae Sai donc, pour seulement trois jours.. Cette fois-ci je n'ai pas pu résister au marché. Pas si fou, copies pouilleuses des marques de luxes, Chanel et Vuiton au sommet de la liste. Lunettes, sacs, montres à perte de vue. On rentre?
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Jeudi 27 Février
J'ai laissé moisir mon passeport au quatrième étage et failli risquer l'indigestion. Retour à Mae Sai donc, pour seulement trois jours.. Cette fois-ci je n'ai pas pu résister au marché. Pas si fou, copies pouilleuses des marques de luxes, Chanel et Vuiton au sommet de la liste. Lunettes, sacs, montres à perte de vue. On rentre?
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