frontière

Mae Sai, vue sur la Birmanie
27 Janvier

Tous les mois c'est un peu la même galère, j'oublie que vivre ici a un prix et surtout une date d'expiration. Les services d'immigration ne tolèrent pas vraiment la péremption alors il faut jouer le jeu et faire semblant de s'en aller. C'est tellement pathétique de devoir à chaque fois traverser une frontière pour marquer le coup (et reverser une certaine somme au pays franchi of course). Mais dire cela n'est pas vraiment rendre justice à ces moments. Finalement ce que j'ai pris pour une formalité ne m'a pas laissé indifférente.


La dernière fois j'ai dû traverser le Mékong à bord d'une barque un peu branlante pour me rendre au Laos, ce matin c'est à pied que j'ai délaissé la Thaïlande quelques instants. Donner l'impulsion à son corps de traverser quelque chose ou changer lentement de rive sont deux manières palpables, conscientes, inscrites dans la durée qui matérialisent la frontière que j'ai tendance à oublier en atterrissant en avion ou en voyageant en Europe. Ajoutons à cela un décor qui se refonde sous tes yeux, alphabet, sens de circulation (quel slalom de rentrer et sortir de la Birmanie où le sens est différent de la Thaïlande !).
Je ne pensais pas du tout à cela en partant à 7h ce matin, pestant plutôt contre le trajet qui m'attendait et la succession de personnes à qui je devrais tendre mon passeport avant de rentrer à l'heure pour le premier cours de la journée. J'ai laissé mon appareil-photo et la curiosité à Chiangrai. Mais quand je me suis retrouvée à Takilek en Birmanie, voisine de Mae Sai la ville la plus septentrionale de la Thaïlande et que le douanier m'a demandé si je souhaitais aller faire un tour avant de retourner en Thaïlande, c'est très peu convaincue que j'ai pourtant dis non -obligations professionnelles vous comprenez ? Non ? Moi non plus.

Les Thaïlandais peuvent passer gratuitement la frontière et Takilek est connu comme le plus grand marché aux bonnes affaires du coin. DVD à 20 centimes d'euros, vêtements, contrefaçons etc. Pas que ça m'alléchait mais en quittant la Thaïlande et arrivant sur le territoire Birman (l'affaire de 50m), j'ai ressenti une drôle d'impression, comme un retour à un temps ancien (présomptueux pour quelqu'un née à l'aube du XX°s), les routes poussiéreuses, les tenues beaucoup moins occidentalisées, les visages plus burinés et les sacs en plastiques remplacés par des paniers portés sur les épaules. Hormis les tributs montagnardes (et encore pour les nouvelles générations), les thaïs s’habillent à l'occidental (et à la mode coréenne et japonaise!) et le fort développement du pays me saute aux yeux en arrivant ici. Ce ne fut l'affaire que d'une vingtaine de minutes et pourtant j'ai changé de monde.

Le chemin de retour m'a aussi montré à quel point la frontière est tenace entre ces deux pays. Un premier check-point nous arrête avant même d'avoir quitter Mae Sai. Les valises et sacs de la famille birmane qui partage mon songtewo sont passés au peigne fin par les douaniers qui vont jusqu'à renifler un pot de crème pour bébé afin de s'assurer qu'ils n'ont pas caché de la drogue à l'intérieur pendant que le reste de l'escadron me fait la conversation, hilare, devine que je suis prof (retraité et profs les seuls fareng longue durée, rayer la mention inutile) et un des douaniers de fortune est tout fier de me dire qu'il a étudié dans l'école où j'enseigne. Je réponds du bout des lèvres, gênée devant la famille birmane qui se fait traité comme des moins que rien.

Paradoxe thaïlandais, once again.


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Jeudi 27 Février

J'ai laissé moisir mon passeport au quatrième étage et failli risquer l'indigestion. Retour à Mae Sai donc, pour seulement trois jours.. Cette fois-ci je n'ai pas pu résister au marché. Pas si fou, copies pouilleuses des marques de luxes, Chanel et Vuiton au sommet de la liste. Lunettes, sacs, montres à perte de vue. On rentre?




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